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The following text is a transcription of Huntington Library MS HM26068 by Esther Inglis made by Dr. Jamie Reid Baxter. Please credit him accordingly and cite the url of this page. For a full discussion of the manuscript see Reid Baxter’s essay, “Esther Inglis’ Discours de la Foy and her ‘pourtraict de la RELIGION CHRESTIENNE,’ gifted to Elizabeth Tudor on 1 January 1591,” Journal of the Edinburgh Bibliographical Society, 17 (2022).

[surrounding the engraved illustration:] Entrez par la porte estroite: car c’est la porte large, et le chemin spacieux qui mente a perdition. Mat.7 Ie suis la porte: si aucun entre par moy, il sera sauué. Iean 10. [The image, complete with these texts, is also found in some Genevan Antoine Reboul imprints, e.g. Viret’s De la source et de la difference et convenance de la vieille et nouvelle idolatrie 1559, and in some Fr. Perrin imprints, eg. Valentini Gentilis teterrimi haeretici, 1567, Sermons de Iean Calvin sur l’epistre S. Paul Apostre aux Galatiens 1563, Institutiones Christianae religionis,1569, Ioannis Calvini in viginti prima Ezechielis prophetæ capita prælectiones, 1565; and others]
ESCRIT A LISLEBOVRG PAR ESTHER
LANGLOIS, FRANCOISE, M.D.XCI.
[f.2]
A TRESHAVTE ET
PVISSANTE PRINCESSE
ELIZABETH Roine d’Angleterre &c
MADAME combien que ie soye peu exercée en l’histoire de ces derniers temps, j’ay toutesfois remarqué que DIEV a voulu honorer vostre Royaume d’ANGLETERRE de plusieurs singulieres faueurs et prerogatiues par dessus tous les [f.2v]autres Royaumes d’Europe. Car l’an M.CCC.LXXII estant le monde endormy en tenebres de superstition et idolatrie DIEV par sa bonté admirable suscita en vostre Royaume IEAN WICLEFFa[I. Prerogatiue] par le ministere duquel il tira comme d’vne nuict profonde la lumiere de sa verité, donnant ses rayons par petits pertuis et creuasses maugré Satan et tous ses supposts opposans a ceste lumiere les puissances de ce monde: lequel WICLEFF bailla puis aprés la lampe aux Bohemiens IEAN HVS et HIEROME DE PRAGVE venus comme au poinct du Jour leuant: L’exemple desquels donne cest aduertissement, Qu’en la vertu de la doctrine de DIEV vn ou deux ont resisté a [f.3] tout le monde: voire & qu’en leur condamnation tous les plus grands et sçauants de la terre, qui estoyent au Concile de Constance, ont esté conuaincus d’horrible aueuglement. Et ainsi il est euident que le SEIGNEVR estant venu mettre le feu au monde, l’auroit premierement allumé en ANGLETERRE, et puis jetté des estincelles ça & là, pour eschauffer et esclairer les siens. Long temps apres, enuiron l’an M.D.XXXIII, HENRY VIII de ce nom, pere de vostre Maté. Prince tresvaleureux et magnanime, rejetta la primauté du Pape b [II. Prerogatiue] hors de son Royaume. Ce que nuls autres Princes ne peurent faire deuant luy en ANGLETERRE, et nuls au[f.3v]tres Rois hors ANGLETERRE n’oserent lors entreprendre.

Auquel succeda la perle des Rois EDOVART VI, Prince de tresheureuse et sainte memoire, frere de vostre Maté lequel fut le premier Roy c[III. Preroga.] de son temps, qui a bon escient s’employa a reformer son Royaume selon la parole de DIEV. Mais, helas! l’ingratitude et peruersité du monde esmeurent le SEIGNEVR a le retirer incontinent a soy, au grand dommage et regret de tous fideles, et principalement de ceux d’ANGLETERRE, d’autant qu’apres le decez d’iceluy ils furent cruellement persecutez par les ennemis de l’Euangile: qui par l’espace de cinq ans executerent contre iceux des cruautez si barbares, et des [f.4] tourments si horribles, qu’ils pensoyent les exterminer du tout. Mais finalement l’ETERNEL continuant le cours de ses grandes misericordes, et voulant derechef donner en ce temps-là soulagement et repos aux siens, suscita para vne vicissitude tresdesirable vostre Maté l’an M.D.LVIII d[IIII Preroga.] l’ayant deliurée d’vne dangereuse capitiuité, pour le regard non seulement de vous MADAME, mais aussi pour deliurer vn nombre infini de vos meilleurs subjets, qui estoyent estimez comme brebis de la boucherie e [Pseau.44.]: car soudain que par la grace de DIEV vou succedastes a la jouïssance legitime du Sceptre Anglois, vous feistes cesser les cruelles persecutions, qui auoyent tant ensanglanté vostre Royau [f.4v] me, & le reformastes selon la doctrine de l’Euangile: n’ayant peu estre destournée d’vn oeuure si saint par les Rois et Princes voisins de vostre Estat, lesquels se fortifoyent lors par alliances de mariages et se liguoyent tous ensemble en intention d’effacer entierement de dessus la terre la vraye Religion et les professeurs d’icelle. Toutesfois le Roy des Rois et le SEIGNEVR des Seigneurs leur feit cognoistre qu’il sçait bien aneantir les conseils et entreprises de toutes hautesses qui s’eleuent contre la verité de sa parole eternelle par laquelle il veut regner, et reduire en captiuité toute sagesse humaine. Il feit adonc comme le bon laboureur, qui du milieu de son champ arrache les gros chardons, qui [f.5] empeschent et suffoquent la bonne semence. Si on veut regarder les moyens que DIEV a tenus pour recommencer le bastiment de son Eglise, et la faueur qu’il a faite a ceux qui de bonne affection y ont assisté, on cognoistra que tout a esté heureusement poursuyui contre toute esperance humaine. Et sans recercher les exemples de plus loing, chacun peut clairement apperceuoir comment le SEIGNEVR a besongné et continuë de besongner a l’endroit de vostre Maté combien de dangers l’ont enuironnée: combien d’ennemis et dehors & dedans l’ont assaillie et comment le SEIGNEVR l’a non seulement garentie, mais aussi luy a fait ceste grace, qu’és temps les plus peruers et diuers, il l’a con[f.5v]stituée nourrice et tutrice de ses poures fideles dechassez de toutes parts hors de leurs païs, l’ayant dediée a son NOM, et consacre [sic] vostre Royaume pour vn domicile des siens. I’escri ici plusieurs sic choses, M A D A M E, qui vous sont beaucoup plus notoires qu’a moy. I’ay bon espoir neantmoins, que le recit d’icelles ne vous sera desagreable, d’autant qu’il tend à magnifier la grande bonté de DIEV enuers vostre Royaume, qui a daigné le choisir d’entre plusieurs, et fait premierement decouler sur iceluy tant de graces speciales pour le secours de son Eglise. Certainement par la consideration de tant d’oeuures magnifiques [f.6] de l’ETERNEL ie ne puis sinon m’esjouïr grandement, et le louër de tout mon coeur, auec ce grand Roy DAVID disant:
Or puis que la haine furieuse dont vous poursuyuent tant de grands et puissans ennemis, ne procede d’ailleurs que de ce qu’estant Princesse Chrestienne vous esperez en DIEV viuant f [I.Timo. 4.10]: et que, pour cela mesme, vous fauorisez et defendez la doctrine celeste de la FOY et la RELIGION CHRESTIENNE, Je suis toute persuadée que le SIEGNEVR vous preseruera contre [f.6v] tous leurs efforts: et suscitera plustost pour cest effect, les plus viles et petites bestes de la terre g [Exod.8 et 14]: les vents, la Mer, et autres creatures insensibles, car il en a fait ainsi de tout temps: et a chastié, comme dit le Prophete, les Rois pour l’amour des siens h [Pseau.105.] : combien qu’ils fussent peu de personnes, & comme rien, et estrangers en la terre &c. Il ne vous a pas si miraculeusement conduite et deliurée en vostre jeune aage: & puis esleuée et assise au throne Royal pour vous abandonner, mesmes en vne cause tant iuste et legitime, contre les ennemis de sa verité sacrée, ains J’ay certain espoir qu’il continuera et multipliera de plus en plus ses graces et faueurs enuers vous, comme [f.7] instrument propre que sa prouidence diuine a esleu pour aider à rebastir les ruines et redresser les murailles de sa maison, selon la remonstrance qui autresfois a esté faite par le Proph. Aggéei [Aggée. 1.4.&8.] au peuple des Iuifs, laquelle est digne maintenant, comme en cas semblable, d’estre mise au deuant: Auez vous, dit-il, le temps pour habiter en vos maisons lambrissées, & la maison du Seigneur sera deserte? montez en la montagne, portez du bois, et edifiez le temple, & i’y prendray mon plaisir, et seray glorifié dit le Seigneur &c. Sur ceste consideration et asseurance J’ay appresté ce LIVRET contenant vn sommaire discours de la FOY [f.7v]que J’ay escrit en diuerses sortes de lettres: et vn pourtraict de la RELIGION CHRESTIENNE, que j’ay tiré auec la plume, lequel i’envoye à vostre Maté pour l’honorer de la petite coignoissance que DIEV m’a donnée en l’art d’escrire et de pourtraire. Ma petite et basse condition, le sexe, la Religion, et sur tout la Clemence Royale, qui vous fait renommer l’vne des plus recommandables Princesses que soustienne la terre, m’ont enhardie d’effectuer le grand desir que J’ay eu, long temps y a, de saluër vostre Maté de ce tel quel present. Veu qu’ouuertement vous maintenez et defendez la FOY & la RELIGION CHRESTIENNE, Je suis merueilleusement trompée, si offrir ce petit present à vostre Maté n’est [f.8] à son poinct la chose approprier. Ie vous supplie donc treshumblement, le receuoir et interpreter à la meilleure part, selon vostre bonté accoustumée. Si ie puis cy aprés auoir l’heur d’entendre que de la petite industrie de ma plume chose fust sortie, qui vous eust donné tant soit peu de contentement, je reputeray ce mien labeur n’auoir peu estre mieux employé, et me sentiray à Jamais obligée, pour ce regard, d’en rendre graces infinies à Dieu: lequel je supplie de toute mon affection, MADAME, vous faire autant
[f.8v] longuement viure saine & heureuse, qu’il vous a fait naistre noblement Illustre et Vertueuse. De Lislebourg en Escosse le premier Jour de l’an CIƆ . IƆ . XCI,
De vre Ma.té
La treshumble, tresobeissante et tresaffectionée seruante à jamais
ESTHER LANGLOIS, FILLE FRANÇOISE.


[f.11]
SOMMAIRE
DISCOURS
DE LA FOY, CONTENANT
QVARANTE
STANCES,
[little decoration]
[f. 12] DISCOVRS DE LA FOY CHRESTIENNE
I.
Cependant ô Chrestiens, que Satan nous trauaille,
Et que son lieutenant nous dresse vne bataille
Prenons la foy pour guide, asseurons nostre coeur,
Christ estant nostre chef, et la Foy nostre enseigne,
Il ne faut auoir peur que le diable entrepreigne,
Ny que Jamais il puisse estre sur nous vainqueur
II.
Marchons en ordonnance, et croyons en Justice,
Et si nous desirons que Dieu nous soit propice
Chassons de nostre camp toute infidelité:
Car elle est de la Foy l’aduersaire Jurée,
Et sa gloire sera de bien peu de durée,
Si nous ioignons la foy auecques verité.
III.
Nous croyons donc en Dieu, souuerain, inuincible,
Admirable ouurier, parfaict, puissant, terrible,
Pere, fils, Saint esprit, & triple en Vnité,
Seul iuste, bon et grand, seul adoré des Anges.
Et de nous ses enfans, qui luy rendons louänges,
Et honneur, et hommage, en toute humilité.
IIII.
Il est nostre secours, il est nostre tutelle,
Nostre chasteau muni, nostre recours fidelle,
Nostre tour, nostre fort, au fort de nos malheurs:
Au temps calamiteux c’est luy qui nous deliure,
Qui languissants de faim nous paist, & nous fait viure:
Qui durant nos ennuis, nous essuye nos pleurs
V.
De luy & non d’ailleurs, sourd toute chose bonne:
Si nous avons des biens, c’est luy qui les nous donne,
Car la terre est à luy, & son throne est és cieux:
Nous ne pouuons sans luy rien faire ne parfaire:
Il conduit nostre esprit, nos mains & nostre affaire,
Nous bande quand il veut, & desbande les yeux.
VI.
Aprés ce tout formé, il feit à son image
Adam, et luy donna la terre pour partage:
Il inspira dans luy vn esprit immortel:
Le feit parfaict, & bon, l’enrichit de sa grace:
Heureux estoit Adam, et heureuse sa race,
Si orné de ces dons il fust demeuré tel.
VII.
Mais le prince d’Enfer au bien portant enuie,
Et au repos d’Adam, et à l’heur de sa vie,
Sous la peau d’un Serpent sa femme et luy deceut,
Luy faisant transgresser l’ordonnance diuine,
Dont aduint la reuolte, & aprés la ruine,
Le dommage, la perte, et le mal qu’il receut.
VIII.
Aprés vn tel forfaict, et vne telle offense,
L’homme infracteur de foy demeuroit sans defense,
A la Mort, à l’enfer, miserable submis,
Si DIEV n’eust regardé en pitié sa facture,
Et promis de tirer, prenant nostre nature,
L’homme sien hors des fers où Satan l’auoit mis.
IX.
Nos peres ont vescu en heureuse vieillesse:
Ont creu de pere en fils à si sainte promesse:
Et sur elle ont fondé leur espoir & leur foy.
Cependant l’Eternel cognoissant combien vaine
Et fragile de soy, est la nature humaine,
Sur le mont de Sina feit entendre sa loy.
X.
Au son des elements, des trompes nompareilles,
Il la feit publier & sonner aux oreilles
Des enfans de Iacob, afin qu’à l’aduenir
Elle fust comme adresse, elle fust comme guide,
Ou comme vn pedagogue, ou bien comme vne bride,
Pour ce peuple effrené conduire et retenir.
XI.
Mais l’homme quel qu’il soit, fust-il reputé iuste,
Ne la peut accomplir, et n’est assez robuste
De soy, pour supporter de la loy le fardeau.
N’accomplissant la loy, la loy mesme le Juge,
Son peché le condamne, et n’a nul subterfuge,
Qu’il ne soit par la loy heritier du tombeau.
XII.
Son peché, non la loy, est cause de sa perte:
Le sens est donc tout clair & la raison aperte,
Que l’homme par la loy ne peut prendre renfort:
Donc tout consideré, nous concluons qu’au monde
Par la loy du Seigneur, sans qu’ailleurs on se fonde,
Est cognu le peché, du peché vient la mort.
XIII.
Les hommes par peché receurent tel dommage,
Que bannis pour iamais du celeste heritage
Ils estoyent derechef à la mort exposez:
Mais suiuant la promesse à nos peres donnée,
En despit de Satan, nostre chance est tournée,
Et CHRIST nous a remis d’où estions deposez.
XIIII.
C’est CHRIST le fils de Dieu, issu d’une pucelle,
Conceu du Saint Esprit, en nostre chair mortelle,
Qui vray homme & vray Dieu nous a fauorisé.
C’est luy qui de la mort a remporté la gloire,
Si qu’on peut s’escrier, Mort, où est ta victoire?
Où est ton esguillon, ô sepulchre brisé?
XV.
C’est luy qui est venu en ce monde pour estre
Nostre Prophete saint, nostre Roy, nostre Prestre,
Pour nous prescher salut, et monstrer la clarté:
Soulager nos malheurs, porter nostre misere,
Pour nos iniquitez s’offrir à Dieu son pere,
Et de captifs qu’estions, nous mettre en liberté.
XVI.
Heureux, trois fois heureux, se peut bien l’homme dire,
Qui a pour son sauueur, celuy duquel l’empire
A iamais permanent, s’estend par sus les cieux,
Qui fait trembler la terre, et duquel la voix saincte
Dethrone les grands Rois, et tient le monde en crainte,
Faisant par tout paroir ses effects merueilleux.
XVII.
O amour admirable! ô nompareille grace!
O mystere profond! ô scauoir qui surpasse
Les esprits plus aigus, et les sens des humains!
Quand nous pensons à nous, que ce grand Dieu terrible
A bien daigné vestir nostre chair corruptible,
Pour nous poures chetifs, l’ouurage de ses mains.
XVIII.
Il a porté le ioug pour nostre ame asseruie,
Il a souffert la mort pour nous donner la vie,
A esté nostre pleige, esté nostre garent: sic
Il est ressuscité nous tirant de seruage,
Est monté dans les cieux pour nous faire passage
Et nous faire heritiers de son Royaume grand.
XIX.
Arriere mort arriere, & toy Satan arriere,
Qui teniez cy deuant nostre ame prisonniere:
Nous sommes acquitez, CHRIST a payé pour nous.
Mort, nous ne craignons plus ta poignante sagette,
Ne Satan ton enfer puis que CHRIST nous rachette,
Et qu’il a de son pere, appaisé le courroux.
XX.
Victorieux d’enfer, de la mort, & du diable,
Il est au ciel assis sur son siege equitable,
Intercedant pour nous comme mediateur:
Aussi est-ce en luy seul que gist nostre esperance,
Et au nom seul duquel nous prenons asseurance
D’offrir a l’Eternel nos voeus & nostre coeur.
XXI.
Il est aux cieux monté, et la haut il preside
En son throne eternel, où homme-dieu reside,
Iusq’au iour qu’il viendra en son haut appareil
Environné de gloire et de magnificence,
Asseurer ses esleus, et prononcer sentence
Contre les reprouues et contre leur orgueil.
XXII.
Il ne fait donc que l’homme eslourdi de folie
Le cerche en vn ciboire, ou bien en vne oublie,
Ny au temple caché, mais puisqu’au ciel est Christ,
Nous eslevons nos yeux, et par la vertu sainte,
De l’Esprit tout voyant, nous le prions sans feinte:
Le priant le voyons des yeux de nostre esprit.
XXIII.
Nul autre n’auouöns, qui pour nous intercede,
De luy nostre Justice & vray salut procede:
C’est à luy, non aux saincts, que l’honneur appartient,
Mais auecque les saincts luy rendons los Et gloire,
Et de Peres en fils celebrons sa memoire,
Car comme d’un surgeon, tout bien de luy nous vient.
XXIIII.
Nous croyons en l’Esprit de nos esprits l’adresse,
Lauteur de verité, de clarté de sagesse,
L’ange d’eternité, splendeur de l’immortel,
Conducteur, gouuerneur, donne-sens donne-vie:
Restaurateur de l’ame, ennemy de l’enuie:
Bening, paisible, doux, admirable, eternel.
XXV.
L’Eglise nous croyons chrestienne, vniuerselle,
Mere de tous esleus, & l’espouse fidelle
De Christ, qui la soustient, la garde, la cherit,
Qui la fait triompher malgré son aduersaire:
Qui la rend ferme & stable en son temps plus contraire,
La defend, la preserue, alors que tout perit.
XXVI.
De grace & de salut l’Eglise est reuestuë,
Le saint Esprit la guide, et la rend plus cognue,
Sa splendeur est au chef, et sa beauté aux yeux:
La charité , l’espoir, et la foy sont ses ailes,
La poureté la suit, & porte en ses mammelles
L’innocent eschapé du tyran furieux.
XXVII.
Nous croyons l’unité des esleus en l’Eglise,
Que comme vn corps parfaict du chef on ne diuise,
Aussi ne nous peut-on separer d’auec Christ:
Nous ne sommes qu’un corps, que l’eternel assemble,
Qui prend vigueur du chef, si que liez ensemble
Auons mesme vertu, mesme sens, mesme esprit.
XXVIII.
Ainsi nous Jouïssons, vnie, de la franchise
Et des biens, & des dons, que Christ fait à l’Eglise,
Pour obtenir pardon de nostre iniquité.
Croyons en ferme foy que viendra la journée,
Que reprendrons nos corps, & nous sera donnée
Vne eternelle vie, és lieux d’Eternité.
XXIX.
Or nous ne pourrions pas bien rendre tesmoignage
Des promesses de Christ, si nous n’auions pour gaige,
Et sa marque et son seel, ou quelque sacrement,
Et lettre de faueur, pour monstrer que nous sommes
Ses esleus, ses soldats, ses seruants & ses hommes,
Et que pouuons passer ses paruis librement.
XXX.
Nous auons le Baptesme, où Dieu nous represente
Par ce saint caractaire et marque suffisante
Nostre ressource en Christ, nos pechez annulez,
Guerison de nos maux en sa sainte piscine:
Et comme par la foy ceste grace diuine
Fait que sommes au rang des esleus enrollez.
XXXI.
La Cene es le grand seau et la sainte alliance
De Christ auecque nous, qui fait que par fiance
Nous sommes pleinement auecque Christ vnie:
Si qu’entez en son corps, & en sa chaire tressaincte,
A sa grace, à ses biens participons sans feinte:
Et sommes sans douter auecque luy benits.
XXXII.
O souuerain banquet! ô celeste conuiue,
Qui l’homme auecque Christ conioint par la foy viue!
O admirable foy qui fais qu’en vn moment
Nostre ame monte aux cieux, & que là haut repue
Ce bruuage immortel, elle ait encor la veuë
De celuy qui regit l’estoilé firmament!
XXXIII.
Combien d’esprits brouillons ont abusé le monde,
Pour n’auoir bien compris la science profonde
De ce mystere sainct, qui suiuans le r’enuoy
Et les subtilitez de la nature humaine,
Se son laissé trainer à leur raison tresuaine,
Et n’ont point sauouré les discours de la foy?
XXXIIII.
La foy est celle-la qui combat le mensonge,
Qui releue d’erreur celuy-la qui s’y plonge,
Qui separe & desioint Babylon de Sion,
Christ d’auecque Baal, doctrine d’ignorance:
Qui donne plein repos, & qui donne asseurance
Au fidele chrestien au temps d’affliction.
XXXV.
La foy fille de Dieu, et de son throne issue
Ne regarde qu’au ciel, d’où elle est descendue:
Elle ne loge point auecque les mondains:
Son seiour est au coeur de l’ame humiliée:
Plus elle est en vigueur, quand plus est trauaillée,
Et tousiours de sa voix les effects sont certains.
XXXVI.
Qu’as tu donc à japper hypocrite en dispute
Contre la foy des saints? scais-tu pas que le juste
Comme est dict, vit de foy? et quoy, ne sçais-tu pas
Que la chair rien ne sert, mais l’esprit viuifie?
Le corps de Christ adonc et son sang donne vie?
Et par foy nous goustons ce celeste repas.
XXXVII.
Voila quelle est la foy, voila que Christ enseigne,
Duquel seul nous deuons par foy suiure l’enseigne,
Sans redouter ne craindre vn tas de mesdisants,
Qui nous taxent d’erreur, comme gens heretiques,
Qui mettent tout leur soing et toutes leues pratiques
Pour nous mettre en horreur entre tous les viuants.
XXXVIII.
Pour quitter l’ignorance on nous charge d’injure;
On nous nomme menteurs pour suiure l’Escriture
Dictée du grand Dieu, et reduite en escrit
Par les prophetes saincts, par Christ mesme annoncée,
Par ses ambassadeurs au monde prononcée
Inspirez et instruits de l’Eternel Esprit.
XXXIX.
Pour estre nostre Eglise à son espoux fidele,
Rebelles, turbulents, mutins on nous appelle,
Contraires ennemis des Princes et des Roys,
Qui toutesfois voulons obeissance rendre
Au Prince, au Magistrat, et librement entendre
Leurs iustes mandements, leurs edicts, et leurs loix.
XL.
O Dieu qui vois nos coeurs, et ceux de nos contraires,
Pren nostre cause en main, mets fin en nos miseres,
Renforce nos esprits de constance & de foy:
Et lors ny les tourments, ny les fers, ny les chables,
Ny les fouëts, ny les feux, des Tyrans execrables,
Ne nous pourront jamais distraire d’auec toy.
FIN
[f. 50]

[f. 50v:] NB other than the preliminary matter, this is the only leaf where the verso has been used.
Aduertissement
Madame, apres auoir tiré le pourtraict de la Religion
Chrestienne selon la petite capacité de mon esprit, J’ay bien voulu pour l’ex
position d’iceluy pourtraict escrire dessous, certain nombre de vers,
les vns en Anglois, les autres en François ayant par la
grace de Dieu, intelligence desdites langues. En toute
la diuersité contenue en ce Liuret mon in-
tention n’a esté autre que de cercher
les moyens de donner quelque contentement a vo-
stre Maté. A laquelle je dedie non seulement l’ex-
ercice de ma plume, mais aussi toute l’industrie que J’ay re-
ceue de la bonté diuine, de pouuoir a Jamais vous faire treshumble seruice.
[in visually inaccurate but more readable form:] Madame, apres auoir tiré le pourtraict de la Religion Chrestienne selon la petite capacité de mon esprit, J’ay bien voulu pour l’exposition d’iceluy pourtraict escrire dessous, certain nombre de vers, les vns en Anglois, les autres en François ayant par la grace de Dieu, intelligence desdites langues. En toute la diuersité contenue en ce Liuret mon intention n’a esté autre que de cercher les moyens de donner quelque contentement a vostre Maté. A laquelle je dedie non seulement l’exercice de ma plume, mais aussi toute l’industrie que J’ay receue de la bonté diuine, de pouuoir a Jamais vous faire treshumble seruice.

[1] With warm thanks to Professor Alison Adams for her immensely helpful comments on and discussion of both poem and draft translation.
[2] [in margin] I Prerog.
[3] [in margin] II. Prerog.
[4] [in margin] III Prerog.
[5] [in margin] IIII Prerog.
[6] [in margin] Ps.44. [v.22]
[7] [in margin] I.Tim.4.10.
[8] [in margin] Exod. 8 and 14
[9] [in margin] Ps.105 [vv.14, 12]
[10] [in margin] Haggai 1.4 & 8.
[11] A striking use of Elizabeth’s full English title by a French Huguenot, given that a Huguenot, Henri IV, had been de jure et facto king of France since 1 August 1589.
[12] cf. the self-description of Esther’s older brother David in Balfour of Burlie’s Liber Amicorum (National Library of Scotland), ‘Cognomento Anglus, Natione Gallus, et Educatione Scotus’.
[13] The first two stanzas echo Candolle’s first two, but, since they do not use the term ‘confess’, they establish a very different and decidedly more combative and indeed military tone. Alison Adams has pointed out to me that the sentiments of stanza 1 loudly echo Montenay’s emblem 83, Resistite fortes :
On voit asses combien grandes alarmes,
Satan, le monde, ont iusqu’ici livrez
A tous Chrestiens : mais comme bons gendarmes
Resistez, forts par foy : car delivrez
Serez bien tost de ces fols enyvrez
Du sang des saincts, qui crie a Dieu vengeance :
Ainsi par foy Christ, vostre chef, suyvrez.
Voici, il vient : courage en patience.
[14] In the context of France and England in 1590, this is more likely Philip II of Spain than the Pope ; in Candolle, it was ‘l’antechrist nostre grand aduersaire’.
[15] There is no comparable mention of angels in Candolle, but in Beza, under ‘Dieu le Pere, second poinct’ we find a passage headed ‘De la creation des anges’.
[16] Beza III, ix, ‘Comme Dieu a creé l’homme bon’
[17] Rom.5 :12
[18] I Cor.15 :55
[19] These lines strongly recall Job 9 :6-10, and Haggai 2 :22.
[20] Rev.19 :7-8 ; Song of Songs, passim
[21] Matt.16 :18
[22] Song of Songs, 4 :1, 7 :5
[23] I Cor.13 :13
[24] James 2 :5
[25] The whole stanza is based on Eph.4 :16
[26] Isaiah 57:15
[27] James 1:3
[28] Gal.3:11
[29] John 6:63
[30] I Sam.16:7
[31] Rom.8:35-39